BÉTHUNE - communauté

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Castres Maison Mère



... à géométrie variable 

l’Espérance est déjà là, nous en VIVONS… nous en témoignons… et voulons vous le partager…


Très bonne fête de Marie Immaculée, Marie première sauvée, Marie Mère  respectueuse de chacun dans la discrétion… Marie reconnue dans l’Islam…

 

Marie, c’est elle qu’étaient venus RENCONTRER un groupe de migrants de Calais…..

 Un rêve fou, préparé pendant plusieurs années par des salariés au service des migrants…. Donner « un espace d’être ensemble pour prier»  à Lourdes à la Cité Saint Pierre du Secours Catholique.

 

Michelle a eu la chance d’y participer avec des bénévoles, habituellement au service des migrants, des salariés et 30 migrants de pays différents : Erythrée, Soudan, Somalie, Mali, Ukraine, Hongrie, Afganistan, Syrie, Iran, Maroc et nous de France. Nous étions aussi de religions différentes, la plupart musulmans, quelques  orthodoxes, des évangélistes  et des catholiques….

 

A la fin du séjour, Mariam l’animatrice principale nous a fait CADEAU d’un très beau "poème"?, une "belle prière" ? je ne sais. Je crois qu’elle exprime beaucoup des sentiments de tous qui n’aurions pas su le dire si bien.

Lisant ce texte aux sœurs de la Communauté en cette veille de notre fête, nous avons pensé à chacune d’entre vous : en vous faisant ce « cadeau » aujourd’hui, nous voulons rencontrer chacune…..

Avec notre fraternelle amitié, notre prière à Marie la Reine de la Paix.

Michelle Martin, Marie Pierre et Colombe Kedowidé 

Deux  temps durant ce merveilleux voyage m’ont marquée à jamais !


- Le premier, c’est le temps de la marche dans les Pyrénées (peuple en marche) :

Je l’ai vraiment vécu, apprécié, c’est le temps qui m’a le plus aidé à méditer et à retourner mon intérieur… La montée vers le sommet était très dure, mais me connaissant je ne voulais pas baisser les bras ou me résigner à la fatigue, cela ne faisait vraiment pas partie de ma nature.

C’était dur, plus que dur, dur de continuer, dur de suivre les autres, surtout que je ne sais ne pas faire marche arrière. Je m’approchais de la cascade, mais c’était encore plus dur d’avancer. Michel (prêtre) m’aborda : "Mariam avance, tu es tout près, pense aux migrants qui doivent parcourir des montagnes pour venir ici". (Michel est l’un des prêtres accompagnateurs actuellement responsable général du Prado. Ancien aumônier diocésain du secours catholique.)

Nous étions 45 personnes et finalement seulement une dizaine de personnes ont réussi à atteindre le but. A un moment j’ai commencé à comparer cette marche à la route que font les migrants, parfois sans eau avec la chaleur. J’ai pensé à la montagne qui mène à CEUTA , dur souvenir… je me suis dit au fond de moi, tu ne serais pas la femme que tu es maintenant si tu n’avais pas traversé toutes ces épreuves , je retiens mes larmes… Certains parmi les migrants ont besoin de plus de temps pour arriver, d’autres n’ont pas pu avoir une "béquille". A ce moment-là, j’ai pensé aussi à ceux qui perdent la vie sur la route de l’exode, tout cela c’est Michel qui l’a réveillé en moi. Merci Michel.

Et là je reprends force, et je me dis : allez avancer. J’ai l’impression, tout d’un coup, que ce sont deux personne qui sont venues m’épauler, comme deux "béquilles".


Ce sont deux de mes frères, l’un a pris mon bras droit et l’autre le gauche, et en quelques minutes je suis arrivée jusqu’à la cascade. Je ne serais jamais arrivée au sommet sans l’aide de mes frères.


Le thème de cette journée je l’ai vécu pleinement : peuple en marche, un seul peuple, un seul corps, c’est ce que nous devons être dans la vie de tous les jours, penser à l’autre, en se prenant la main ensemble, se soucier de l’autre, être là tout simplement pour chacun de ceux  que nous croisons.

Le 2ème temps : C’est la soirée du départ

A un moment donné, j’ai souhaité que le monde s’arrête, car nous avons connu l’amour dans sa grande beauté ; j’ai vu les yeux, le regard de chacun que j’ai pu croiser, pleins de reconnaissance, d’amour et d’empathie mutuelle.

La vie m’a appris que lorsque tu cultives la bonté et l’amour tu les récoltes un jour… mais un jour…


On ne sait pas quand ? peut être jamais ?? Mais je ne savais pas que nous allions récolter plus que ce que nous avions cultivé et en plus tout de suite. La vérité c’est que les migrants avaient cultivé pleins de gentillesses, des attentions, plein de délicatesses et de sourires… Avec tout le monde, une telle attitude ne pouvait donner qu’une très belle récolte. Un si bel adieu : je ne pourrai jamais l’oublier.


Beaucoup de nos frères n’avait jamais ressenti un tel sentiment d’empathie, de solidarité depuis qu’ils avaient quitté leur pays. Un migrant m’a dit : Si je devais vivre 100 ans, je ne ferai jamais un voyage comme celui-là.


C’est tellement beau de voir en l’autre un frère. Sa déférence est une richesse pour nous. La vie serait plus simple si nos cœurs étaient remplis de l’amour du prochain. Nos vies sont jalonnées de souffrance, bonheur, interrogation, contradiction, séparation, naissance mais aussi de découvertes et de rencontres qui s’ouvrent à nous et se mettent sur notre chemin tous les jours à condition d’avoir le cœur et les bras bien ouverts pour les accueillir.

Un grand MERCI car tous, nous avons œuvré pour que le vivre ensemble soit possible grâce à ce pèlerinage… nous allons continuer, même à petite échelle, dans nos quartiers, nos familles notre entourage, dans le bus, au marché…. de faire rayonner la charité, le dialogue et l’ouverture aux autres. C’est pour moi la clef principale qui permet un vivre ensemble …

J’Y CROIS


(traduit de l’arabe)                                         Mariam Guerey