Témoignages


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TEMOIGNAGE DE MA GUERISON

Castres , Mars 2012 – Août 2013

   

« SI NOUS RECEVONS LE TEMOIGNAGE DES HOMMES, LE TEMOIGNAGE DE DIEU EST PLUS GRAND » (Jn. 5, 9)

Humanité, compétence, solidarité, amour, tendresse, disponibilité, toujours avec le sourire et des mots d’encouragement que Dieu met dans le cœur des hommes.

Deux mois d’hospitalisation, c’est vite dit, plus six semaines de suite de soins... mon Dieu, que c’est long et, en même temps, c’est court pour donner de soi-même ce que le Seigneur inspire dans la prière, d’intercession et d’offrande. Prière qui permet de voir les soignants et d’autres malades avec un peu de soleil dans les yeux, ces yeux qui reflètent la souffrance et l’angoisse, qui posent question.

« MES BIEN AIMES, SI DIEU NOUS AIME AINSI, NOUS, NOUS DEVONS NOUS AIMER DE Même » (Jn.3, 2)

C’était le mois de mars 2012, d’autres examens étaient prévus pour une intervention chirurgicale des genoux, les analyses de sang détectent quelque chose d’anormal, grave, l’intervention du médecin est rapide. Me voilà au service des urgences à l’hôpital de l’Autan. Dès mon arrivée, les machines manipulées par les soignants se mettent en marche : échographie, scanner, coup sur coup, pour déceler le mal qui réduisait mes activités et produisait une très grande, immense fatigue.

Les premiers examens finis ont me ramène dans un service « médecine » et là le docteur, une femme, m’annonce avec beaucoup de douceur et de psychologie, l’existence d’une tumeur, et elle ajoute : « pas très bonne » Sa physionomie accompagnait ses mots, elle attend ma réaction, je ne dis rien. Je m’étais préparée. Je suis restée très calme, dans la paix et la sérénité. Quand le médecin traitant m’avait appelée la veille au soir vers 21 h 30, j’avais dit à mes sœurs : « Un cancer du foie et des os et bientôt ‘au revoir’ mes sœurs ».

« PRENEZ GARDE A VOUS MEMES AFIN DE NE PAS PERDRE LE FRUIT DE VOS OEUVRES » (Jn.2, 8)

La grâce du Seigneur était là, car si je n’ai pas répondu un mot, dans mon cœur, j’ai tout de suit dit : Seigneur, que se fasse pour moi comme tu voudras. Si c’est ton heure, c’est aussi la mienne. Je suis prête. Entre tes mains je remets mon esprit » « Abandon, pur amour, Dieu seul » nous disait notre Fondatrice, Emilie de Villeneuve.

Un chirurgien gastro est rapidement venu me voir. Il m’a prise dans son service en observation. J’ai beaucoup apprécié ses qualités humaines, sa compétence, son humilité, son grand respect des malades.

C’est pour moi un grand honneur de lui rendre témoignage ainsi qu’à son équipe de soignants. Pour confirmer son diagnostique, il m’a envoyé à Albi pour une endoscopie, mais déjà avant de partir, il m’avait dit : « tel jour, je vous enlèverai tout cela » c’était le 25 mars, fête de l’Annonciation. A partir de là a commencé un processus de soins et d’attention à mon égard que je ne peux définir que par des actes d’amour intense, répondant à une vocation spéciale pour la vie. Je leur doit beaucoup, dans l’offrande de ma prière, avec le pain et le vin eucharistique, je n’oublie personne, croyant ou non croyant.

J’ai beaucoup appris sur leur dévouement et la présence très précieuse qui vous donne du courage pour continuer à lutter.

Je n’oublie pas non plus les autres malades, que je sentais, peut-être plus mal que moi. Je me disais : Si je pars, je ne laisse personne dans l’angoisse, mais si c’est un père, une mère de famille, ou un enfant, c’est plus grave que pour moi.

« MAIS OUI LE SEIGNEUR EST BON. IL A FAIT POUR MOI DES MERVEILLES ! »

Le personnel a tout fait pour me détendre. Je leur dois beaucoup. Un dimanche après-midi, on entend de la musique à l’autre bout du service, on sent que ça approche.... Et enfin, le personnel de service cet après-midi-là rentrent dans ma chambre. C’étaient des dames. Une d’entre elles vient vers moi, me prend les mains et me fait lever du fauteuil et la danse se met en route, même si les jambes flageolent. Puis vient la photo avec le portable, puis mise dans l’ordinateur, pour la présenter au docteur, car il me pousse souvent à marcher, alors que mes jambes refusent de me porter. Quelques jours plus tard, elles me font chanter le cantique de la création : « Par les cieux devant Toi... » Une fois de plus, tout le service s’était donné rendez-vous dans ma chambre. Heureux de me voir reprendre vie, avec humour, et il me fallait rassembler toutes mes forces, encore très faibles.

Le lendemain, quand le docteur fit sa visite, je lui dis : « docteur, je suis flagada, comme on dit dans le pays » Il répond : « Reposez-vous... avec tout ce que vous avez fait et vous avez remis cela ce matin... »   « Ah non, docteur, ce matin elles m’ont fait chanter... »

Je disais au début : humanité. J’ajouterai : générosité, délicatesse. Le personnel savait s’arrêter dans ma chambre, s’intéressant au moindre signe de tristesse ou de joie. Parmi eux, certains me connaissaient, ayant travaillé à l’hôtel Dieu, devenu Villégiale St. Jacques, et moi aussi, ils m’appelaient « petite sœur » affectueusement, on avait eu des moments heureux rappelant les fêtes, les sorties, les farces, car j’en avais eu quelques-unes, que je rendais quand l’occasion se présentait. Certains disaient : « c’est un tourbillon, les jours de fête des personnes âgées elle entraîne tout le monde dans le chant et la dance ». Ils évoquaient la vie de foi, les fêtes religieuses, de famille, les pèlerinages, la pratique religieuse, pas toujours facile avec le travail et la vie familiale. Ils posaient des questions sur ma propre vie religieuse, le pourquoi de ce choix, fuite du monde ? Appel du cœur ? Et les enfants, ne vous manquent-ils pas ? Je répondais alors simplement et eux d’ajouter : Priez pour nous, nous n’avons pas le temps à cause du travail et de la vie trépidante qu’on mène...La porte de ma chambre était toujours ouverte, à cause de la gravité de mon état. Je n’appelais pas assez, d’après eux, ce qui leur permettait de passer la tête, voir si j’étais encore vivante, et de dire un mot gentil, taquin, d’encouragement...

Oui, je garde un souvenir inoubliable de chaleur humaine et de tendresse. Je leur disais souvent : je pense à vous très fort. Pour eux, je rends grâces à Dieu, pour leur travail merveilleux, pas toujours gratifiant, car il faut le dire, il n’y a pas assez de personnel. Avec beaucoup de simplicité et d’attention, elles me proposaient certains soins et massages, pour vaincre la souffrance. Cela donnait du baume au cœur.

 

« MES PETITS ENFANTS, N’AIMONS PAS EN PAROLES MAIS EN ACTES ET EN VERITE » (1 Jean, 3-18)

 

Ici je rends hommage à ma famille humaine et religieuse : A une de mes sœurs, religieuse aussi, qui est restée auprès de moi pendant trois mois, à mes petits soins. A ma communauté. A une de mes amies, qui a mis sa voiture et sa gentillesse, toujours dévouée pour être près de moi, m’amenant mes sœurs autant qu’elle le pouvait.

Je dois toute ma reconnaissance au Refuge Protestant de Mazamet, où je suis restée, en suite de soins, six semaines. Au docteur, au personnel, bien sûr, aux résidents qui, d’après le docteur, ont regretté mon départ.

 

« EXPRIMEZ VOTRE FOI AVEC NATUREL ET SIMPLICITE » Emilie de Villeneuve.

 

Je n’ai pas essayé, à aucun moment, d’imposer ma foi. Je faisais en sorte de la faire passer par de petits gestes ou des paroles qui donnaient une note de plus.

 

Au mois de février 2013, après un examen Petscan à Toulouse, le lendemain en visite chez le docteur qui m’avait envoyée, elle me dit avec force et grande joie : « il n’y a plus rien, tout est net, toute propre, vivez votre vie ! » Vous devinez ma joie et mon action de grâces.

Quelques jours plus tard, lors d’un autre examen, le médecin me dit : « Vous êtes une miraculée ! » Très surprise, je n’arrive pas à dire un mot, me regardant droit dans les yeux, il me répète : « Vous êtes une miraculée » A ce moment, ayant repris un peu mes esprit, je réponds : Merci, mon Dieu ! Oui, je rends grâces à Dieu pour cette guérison, et j’en suis certaine, par l’intercession d’Emilie, notre fondatrice avec l’aide de toutes les prières qui ont été faites partout pour demander cette guérison.

Qu’il me soit permis de dire, une dernière fois, un très, très grand merci au chirurgien, aux médecins, au personnel soignant, aux familles, humaine et religieuse et à tous les amis qui se sont dévoués, aux membres de l’aumônerie, aux ambulanciers qui, ayant appris que j’étais religieuse, m’ont demandé de prier pour eux. Au personnel sympa qui ne se privait pas de taquineries qui remontaient le moral avec le sourire, surtout au moment des séances de chimio. Sans oublier Madame l’esthéticienne, qui avec beaucoup de chaleur humaine, essayait de faire une beauté aux malades.

Merci, mille fois merci, à tous et à toutes. Que Dieu vous bénisse et vous comble de sa paix et de sa sérénité, comme je l’ai senti au long de mon séjour à l’hôpital en soins.

 

« MAGNIFIQUE EST LE SEIGNEUR. TOUT MON COEUR POUR CHANTER DIEU »

Sœur María Purificación RODRIGUEZ