Réveiller le Monde

 Évangile, Prophétie, Espérance

Thème de la première rencontre mondiale des jeunes consacrés, hommes et femmes, inspirés par la convocation du pape François "à réveiller le monde en l’illuminant avec le témoignage prophétique de la joie du courage et de la communion".

 La rencontre a eu lieu du 15 au 19 Septembre - Cité du Vatican à Rome, avec la participation de plus de 6000 Consacrés et Consacrées du monde entier. Elle a été réalisée à partir de veillées, célébrations, réflexions, partage, expériences missionnaires, convivialité et formation. Les matinées étaient consacrées à L’Écoute ; les après-midi à l’approfondissement et à la réponse aux questions proposées à partir des conférences ; les soirées : Célébrations et Témoignages.

 Chaque jour avait un thème spécifique : Écouter l’appel, Au cœur de la fraternité, Espoirs et Angoisses du monde, Église Communion... La rencontre s’est terminée avec une belle marche en mémoire des martyrs, partant du Palais impérial au Colisée.

 Dom João Braz de Aviz avec une citation de Lumen Gentium nous a rappelé que les hommes et les femmes consacrés/es sont des membres qui composent l'Église, Peuple de Dieu et non pas quelque chose de privé, de particulier. Nous devons, à partir de notre charisme, regardez la culture actuelle, car nous devons être le vin nouveau qui crée des outres neuves. Percevoir ce qui a vieilli et a besoin d'être renouvelé. Il a fait remarquer qu’il faut refaire sérieusement les outres de la communauté, les outres de la formation, du gouvernement et de l'économie. Il faut une Vie Consacrée avec des outres neuves et solides.

 Don José Rodriguez Carbalho, OFM, nous a dit que nous ne sommes pas les protagonistes de l'appel, mais nous avons été cherchés et appelés par Jésus. Donc, la vocation est gratuite. L'appel est le fruit de l'amour. La vocation est grâce. Elle est à partir de la rencontre de Jésus qui voit et qui appelle. Et ça se passe dans les réalités quotidiennes de la vie ; il appelle chacun à partir de son histoire personnelle et de sa façon d’être, et dans la liberté. Il dit aussi que la vocation se maintient jeune et toujours vivante quand elle devient une médiation d'autres vocations.

 Père Fabio Ciardi, OMI, exprime que nos fondateurs sont caractérisés par des incohérences dans les projets. Ils ont été ouverts et se sont laissés guider par l'Esprit Saint « volonté de Dieu », ils ne sont pas attachés à leurs projets personnels. Il cite Saint Ignace en disant qu'il ne voulait pas des instituts et lorsqu’il meurt il laisse plusieurs instituts, collèges. Il dit qu’il ne faut pas avoir peur d'oser faire la volonté de Dieu et "être jeune" c’est être ouvert au nouveau. Dieu est libre et créatif, il est nécessaire de connaître le charisme pour rester fidèle à l’identité.

 Avec le thème "l'Église lieu de l'écoute" Sœur Mary Melone, SFA, dit qu'il n'y a pas une place particulière pour l'écoute, parce que tout lieu est lieu d’écoute. L’Église est une communauté d’appelés et notre vocation est liée à cette communauté. Comme consacrés/ées nous avons quelque chose à offrir à la communauté ecclésiale. Ce qu’il manque souvent à la VRC c’est la connaissance de la marche de l'Église qui est un peuple de Dieu concret.

 Nous avons été très heureux d'avoir eu la présence du pape François toute une matinée. Il nous a fait mémoire de nos martyrs d’aujourd'hui présents en Syrie et en Irak. Le Pape Francisco a dit que l'un des graves problèmes dans la VRC est la commodité, ça veut dire, d’être attachés aux règles, et de les accomplir d’une manière rigide ; la structure enlève la liberté. Il est nécessaire d'éduquer à la liberté, car Dieu nous appelle à vivre la liberté qui est unie au témoin. La rigidité annule l'avenir créatif, car les rigides ne peuvent pas rêver. La vie religieuse peut être stérile quand elle n’est pas prophétique, lorsqu’elle ne se laisse pas rêver et ceci est un grand danger.

 Il dit aussi que l'un des péchés dans la vie communautaire est l'incapacité du pardon entre frères et sœurs, ce qui génère un autre péché qui est de mal parler ; et pas seulement un péché, mais comme un terrorisme, car c’est de mettre une bombe dans la vie de l'autre et cela est destructeur. Ça c’est une peste dans la vie de la communauté.

 Il dit encore que l'instabilité à la suite de Jésus a toujours existé, ce sont les tentations, et cela existera toujours. Et aujourd'hui, dans la culture provisoire, nous devons nous rappeler que Dieu a donné son fils pour toujours à tous. Évangéliser c’est pas seulement convaincre c’est témoigner que Jésus-Christ est vivant. Il faut un coeur qui brûle pour le Christ et ça va au-delà des livres.

 Le pape se déclare féministe et a un beau discours sur la VRC féminine, en disant que la VRC féminine est l’icône de la maternité de l'Église, de l'amour, de la tendresse de Marie. C’est l’Église épouse. Ne perdez pas la maternité parce que Sœur c’est l'icône de la mère église, de la mère Marie, icône de la tendresse et de l'amour.

 Mots-clés dans la suite de Jésus, que nous ne pouvons pas oublier : LA PROXIMITÉ (proximité entre nous, entre les peuples et les grands problèmes de notre société); PROPHÉTIE (témoignage de vie) et MÉMOIRE (retourner à la première rencontre dans les moments difficiles ; faire mémoire de sa propre vocation, revenir à la source,. c’est rappeler la merveille qu’on a senti quand le Seigneur a mis sur nous son regard). Le Seigneur est fidèle et ne nous abandonne jamais. Il conclu son propos en disant que l'une des pires attitudes d'un religieux est le narcissisme. Soyez des femmes et des hommes d’adoration pour ne pas tomber dans le narcissisme.

 Père Paul Bere, SJ, à partir de fondement biblique, a parlé de l'importance d'être témoin d’une vie humanisante par la vie fraternelle. Il faut regarder le mystère de la Sainte Trinité et le mettre dans le centre de la communauté.

 Caïn et Abel, l'image d'une fraternité fragile, montre l'importance de la fraternité et de l'appel de Dieu à être les gardiens de nos frères et sœurs. Et en parcourant l'Ancien Testament, il a montré des exemples de fraternité comme une réalité qu’on a encore à construire.

 L'amitié jaillit du cœur et conduit à la fraternité. C’est une fraternité voulue et construite. C’est avec Jésus que nous trouvons les clés d'une fraternité authentique. Être frère et sœur dans la VRC est d'avoir le cœur ouvert à l'amour. C’est dans l'amour que nous devenons disciples ; plus nous devenons disciples, plus fraternels nous sommes. La seule façon de vivre la fraternité dans la VRC est d'être ce que nous sommes. C’est dans le Dieu trinitaire que notre fraternité devient vraie.

 Avec la soeur Junkal Guevara, RJM, on a voyagé à Béthanie, lieu théologique, géographique très concret. Lieu où l'on vit le Mystère pascal, où on vit le groupe d’égaux - fraternité. Lieu de vie, parce que devant la mort on interpelle la vie et elle jaillit. Là où Dieu nous parle et nous invite à parler (faire de la théologie). Béthanie est un endroit familial, de foi et de témoignage. Communauté d'égaux soutenu dans la foi, et dans la passion pour le Christ.

 Père Andrzej Wodka, CSSR, parle de l'approche mystique. Si nous voulons grandir dans la vie spirituelle, nous devons être missionnaires. Si la vie missionnaire disparait nous commençons à rentrer dans un grand suicide. La spiritualité mystique implique d’en savoir plus sur l'autre, donnant l'évangile comme un cadeau pour les autres. Donner nous fait du bien. L'engagement à l'évangélisation enrichit l'esprit et le cœur, il nous fait sortir de nos schémas spirituels limités.

 La mystique de la rencontre est la capacité de sentir et d’écouter, de chercher les routes ensemble. C’est aimer. Pour être évangélisateurs avec l'esprit, nous devons être avec les gens. Suivre Jésus plus proche signifie davantage se rapprocher des gens. Lorsque nous nous approchons de l'autre, de façon évangélique, nous trouvons la vie et générons aussi la vie. Quand je donne je reçois la vie. L'évangélisation est un événement mystique. Connaîssant l'autre comme des frères notre foi grandit.

Sœur Maria Ines Vieira Ribeiro, MAD, Présidente de la Conférence des Religieux du Brésil, nous parle de la mission de la vie consacrée dans l’Église d’aujourd'hui :Un engagement socio-environnemental. Elle nous dit que la mission de la VRC est de collaborer avec la mission de l'Église et brille sur toute la vie historique de l'Église. Il est urgent que quelque chose ressuscite et se renouvelle dans la vie consacrée, aujourd'hui. Les signes de la vitalité prophétique : centralité de Jésus et de sa mission, dans la communion et l'engagement.

 Seulement il y aura l'avenir de la VRC qui se laisse guidé et renouveler par l'Esprit. Rien ne pousse à partir du négatif, mais du positif. Il ya beaucoup de signes de vitalité prophétique. Laissez l'esprit nous guider par des chemins plus prophétiques, plus humains, cohérents et transparents de l’évangile. Retourner à l'essentiel. Nous sommes appelés à être plus humain, plus authentiques, plus pères, plus mères, frères, soeurs. Le vrai mystique est ici : Être prêt à aller aux périphéries existentielles, où les gens souffrent, où il ya des besoins. Une tel VRC est contagieuse.

 Nous avons soif de recréer notre vie communautaire, former des communautés de vie, humanisantes et humanisatrices. Passer à la théologie du soin. Ici commence l'engagement évangélique pour prendre soin de la création. La Trinité nous invite à entrer dans un mouvement relationnel. Il est nécessaire d'éveiller la paix dans nos communautés, les communautés en sortie, ouvertes, qui expriment l'amour, qui soient plus humaines. Il y a des communautés tellement fermés sur elles-mêmes ! Nous sommes appelés à discerner les projets évangéliques qui sont vitales. Ne tenez pas le Saint-Esprit à des structures rigides et à la peur de les abandonner.

  La VRC a commencé là où sont les exclus de la société, les pauvres et les nécessiteux. Il est nécessaire de procéder à un nouvel exode vers les banlieues, aux plus abandonnés et faire face aux nouveaux visages de la pauvreté. Repenser la géographie de la VRC et l’actualisation du charisme, être plus engagés avec les pauvres, moins institutionnalisé. Surmonter les modèles obsolètes qui ne répondent plus aux besoins actuels.

 La VRC doit réveiller le monde, car elle est appelée à être sa conscience prophétique. Porter le baume, le parfum de la joie. L’espoir suppose l'audace et la prophétie. Nous ne pouvons pas vivre dans l'activisme pour soutenir nos œuvres et non le royaume. Il est temps de prendre des décisions qui cultivent la vie et de générer l'amour. Mettons notre foi dans ce désir.

 LETTRE 8                                                                                                Rome, le 8 septembre 2015

C’est avec plaisir que nous vous rejoignons une fois de plus pour partager avec vous cette belle expérience significative que nous avons vécue cette semaine. Pour nous y préparer nous étions invitées à méditer l’Évangile selon Saint Matthieu (25,31-46) et un document de la rencontre de l´équipe AD HOC Social : « réponse bleue aux nouveaux défis d'aujourd´hui ». L’expérience significative devait se vivre dans deux lieux : Tiburtina et chez les Sœurs de Mère Teresa de Calcutta. Le groupe était donc diviser en deux.

Chez les sœurs de Mère Térésa : C’est un centre d’accueil des clochards où les sœurs se donnent entièrement à leur service pour que ces derniers puissent retrouver leur dignité, se sentir aimés et accueillis. Chaque matin nous quittons la maison à 7 heures pour retrouver nos amis que nous trouvons déjà les uns à la chapelle les autres au réfectoire. Nous commençons la journée par la prière suivie du service du petit déjeuner. Les activés étaient bien organisées ; nous étions chacune avec une Sœur de la Charité qui coordonnait le travail qui se faisait dans la prière (récitation du chapelet).

Nous avons vécu des moments profonds dans nos allées et venues. La vie qui anime ce milieu peut se lire sur le visage des uns et des autres. Ainsi, nous pouvons noter chez certains un regard lointain qui exprime une souffrance intérieure, un désespoir. Par contre chez d’autres un visage rayonnant la joie de vivre, du goût de servir et d’une grande disponibilité.

A Tiburtina, nous étions avec les réfugiés venant de partout. Le premier jour ils étaient au nombre de 650 mais le chiffre avait augmenté les jours suivants. C’est une association « baobab » dont la permanence est assurée par des volontaires. Ici les travaux n’étaient pas planifiés comme chez les Sœurs de la charité. Nous avons offert nos services dans le ménage, le tri et la distribution des habits où chacun vient demander ce dont il a besoin.

Tiburtina est un lieu de passage où les réfugiés arrivant dépourvus de tout sont accueillis pour se reposer, refaire leurs forces et poursuivre leur chemin. La majorité est constituée de jeunes, de filles mères et d’enfants. Malgré leur situation ils avaient la joie de vivre, l’espérance d’un lendemain meilleur. Ils manifestaient leur reconnaissance en rendant service le peu de temps qu’ils étaient là. La langue a posé problème pour la communication mais avec les gestes et le sourire nous arrivions à nous comprendre.

Animées par le quatrième vœu que nous avons voulu vivre à travers le "aller vers" et "être avec", nous nous sentons interpelées aujourd’hui à avoir le regard aiguisé qui nous porte vers les membres souffrants de Jésus Christ. Ces deux belles expériences nous interrogent et nous interpellent dans notre manière de vivre ce quatrième vœu. Nous avons appris, en rendant service que seul le cœur qui se meut devant la souffrance est capable de servir avec joie. Aussi nous avons découvert dans ces personnes rencontrées que la souffrance n’enlève pas la bonne humeur et la joie de vivre. Nous avons essayé de vivre les attitudes de Jésus Sauveur qui compatit, accueille, soulage et relève. Nous avons été marquées par le dévouement, la disponibilité, l’attention et l’amour de ces sœurs envers ces personnes.

Nous rendons grâce à Dieu qui nous a permis de vivre ces belles expériences et lui demandons de soutenir nos pas et nos désirs de vivre de façon concrète ce quatrième vœu. "Allez là où la voie du pauvre nous appelle" comme nous y invitent Sainte Jeanne Émilie de Villeneuve. Ainsi nous pourrons répondre à notre vocation comme disciples consacrées et envoyées par le divin Maître.

Rosalie, Chantale et Virginie

Lettre 6                                             Roma, le 16 de août 2015

« Ce que je me sens depuis quelques jours plus portée à étudier dans l'Eucharistie, c'est l'amour de Jésus pour les hommes et par suite, celui que nous devons avoir pour le prochain. » (C – I.S. II)

Nous venons vous rejoindre à travers notre sixième numéro et partager avec vous ces quelques expériences. Nous avons écouté attentivement les explications données afin de vivre cet amour pour Jésus et pour toute la création ; nous vous en faisons écho.

Après avoir travaillé sur « Femmes en relation », aujourd’hui nous avons abordé un nouveau thème : « Justice, Paix et Intégrité de la création ».

Dans le jardin, nous commençons la journée par une célébration durant laquelle nous sommes entrées en contact avec la nature tout en réécoutant le texte de la création.  L’intervenant du jour nous est présenté par sr Rosangela ; c’est le frère Fabio LAMOUR, un Franciscain. Il nous dit par la suite sa joie d’être au milieu de nous et donne le motif de sa présence en ce lieu. Il nous rappelle qu’œuvrer pour justice et paix n’est pas seulement une question de théorie mais surtout de pratique. Il nous faut savoir concilier les deux pour travailler la dimension de la paix dans notre monde d’aujourd’hui en manque d’amour.

Il nous invite à répondre à la question : qu’est-ce que la paix ? dans un partage à deux. Dans le grand groupe, les définitions sont données : entente, absence de conflit, harmonie, attitude intérieure qui peut être synonyme de joie, de bonheur, relation avec soi et les autres.

 Pour un meilleur travail nous abordons dans un premier temps l’analyse d’un conflit puis dans un second la communication non violente.

I. L’ANALYSE D’UN CONFLIT

Cette pratique de l’analyse comporte quatre étapes :  Rompre la glace : cette étape a pour but d’animer et de motiver le groupe pour que les membres puissent entrer facilement en inter-action.

Pour cette partie nous vivons une expérience : Chacune est invitée à choisir une pomme de terre, à l’observer pour voir toutes ses caractéristiques. De petits groupes sont créés. Nous mettons ensemble les pommes chacune reconnaît la sienne les yeux fermés.

Un texte franciscain ou biblique : c’est un texte spirituel qui aide les participants à voir le thème depuis une perspective franciscaine ou biblique.

Pour notre cas nous avons un texte franciscain : Du très saint miracle que fit saint François quand il convertit le loup de GUBBIO. En groupe, nous avons lu le texte, ensuite nous avons répondu à la question suivante : que pourrait faire chaque partie du conflit pour arrêter la violence par la contre-violence ? Comme éléments de réponse nous notons : dialoguer pour la paix et dans la paix, s’assoir pour analyser afin de trouver un climat de confiance pour une meilleure approche, rester désarmé pour qu’’il y ait une possibilité de dialogue, aller avec l’arme de la foi, considérer l’autre comme un frère, risquer sa propre vie pour construire la paix, aller sans préjugé. 

Contribution : cette étape aide l’animateur à mieux comprendre la question ou le thème et à avoir plus de moyens pour expliquer au groupe.  Ici nous parlons des différentes causes de conflits dont : le pouvoir, le manque de communication qui est l’une des principales causes, la privation d’une chose qu’on croit nécessaire, la différence d’objectifs, de races, de croyance.

Exercice : c’est un moyen pratique d’application. Comme exercice, nous avons eu l’étude de cas de KIBERA1 avec la dynamique des trois P :

1 KIBERA est un bidonville de NAIROBI (KENYA). Il s’agit d’une dispute entre propriétaires et locataires suite à la décision du président de diminuer le prix du loyer vue la situation économique du pays.

Ø Les personnes : Qui est impliqué dans ce conflit ? Qui sont les parties primaires dans ce conflit ? Qui sont les parties secondaires ? Comment un individu ou un groupe perçoit-il la situation ? Comment les perceptions du conflit sont-elles différentes selon les groupes?

Ø Le processus: Quelles sont les méthodes éventuellement utilisées pour résoudre le conflit ? Les groupes utilisent-ils la violence ou le conflit se joue-t-il de manière différente ? A quelle phase en est le conflit ? Comment le comportement des différentes parties a-t-il influencé le conflit ?

Ø Le problème : Quel est le sujet du conflit ? A propos de quoi les gens se battent-ils ? Quels sont à la base les besoins des différentes parties en conflit ? Est-ce qu’il existe des critères ou des processus de prise de décisions acceptables par tous ? Quelles pourraient être les valeurs communes ou les intérêts communs dans le conflit?

II. LA COMMUNICATION NON VIOLENTE

Pour entrer dans cette grande partie, nous rompons d’abord la glace en observant un dessin. C’est une girafe avec une fenêtre ouverte à ses côté et un loup avec un mur à ses côtés. La fenêtre représentant la connexion, l’ouverture, l’accueil et le mur, la déconnexion la fermeture, une barrière, une position de défense. Tout ceci pour dire que les paroles peuvent être un mur ou une fenêtre.  Ensuite nous prions avec le texte de Jean 8, 2-11. Nous nous mettons en groupe, nous nous identifions à un personnage et exprimons un geste pouvant caractériser ce personnage.

Nous comprenons alors que la communication non violente est un langage de compassion, un instrument de paix, un mode de connexion personnelle et avec les autres. De cette communication, nous retenons quatre éléments :

 L’observation : Description de ce que je vois, j’entends

 Les sentiments : Concentration sur notre expérience intérieure en vue de réagir sur les actions des autres.

 Les besoins : Exprimer les besoins non satisfaits qui se cachent derrière les sentiments.

 La sollicitude : Proposition de solutions réalisables.

Pour terminer avec le frère Fabio, nous faisons deux exercices pratiques :

•  Une communication non réussie
•  Une communication réussie avec le respect des quatre étapes.
  

De plus, nous dansons la danse des petits oiseaux !

Les ateliers prennent le relais : deux jours intenses de travaux dans les différents groupes. Un questionnaire nous est proposé :

1. Je considère la réalité dans laquelle je vis et la mission que je réalise : quels éléments de cette réalité je perçois qui ne sont pas habités par cette dimension de JPIC ?

2. Je cherche dans la Parole de Dieu et dans celle d’Émilie des textes qui peuvent être éclairant de cette réalité.

3. Quelles invitations je sens pour cette dimension de JPIC dans ma communauté, dans ma Province et dans ma mission ?

4. Dans mon engagement personnel comme sœur bleue, femme incarnée dans la réalité : à partir de la spiritualité de Jésus sauveur, et Émilie qui nous demande de nous configurer à lui que dois-je travailler sur moi dans ma façon d’être, pour vivre et agir à partir de cette dimension de JPIC?

 Chacun des groupes présenta d’une manière créative le fruit de son travail. Nous pouvons retenir quelques aspects de notre réalité : les cas d’injustice rencontrés dans quelques unes de nos structures ; la crise dans le secteur de l’éducation : les grèves à répétition, la baisse de niveau ; les guerres ; le terrorisme ; l’exploitation abusive des richesses naturelles ; la destruction de l’environnement…

Le lendemain, nous faisons notre journée d’intériorisation. Nous avons été invitées à contempler la nature dans une attitude de silence afin d’écouter l’inaudible. Cette écoute nous est nécessaire car elle nous permet d’entendre le cœur des personnes, leurs sentiments muets, leurs peurs inavouées et leurs plaintes silencieuses.  Afin de grandir dans cette ambiance de JPIC, nous avons eu le texte de saint Jean 10,10, celui des constitutions au n° 22 et un des axes transversal du projet capitulaire.

Réunies après la célébration eucharistique, nous partageons nos apprentissages.

 Nous clôturons notre semaine par une visite dans les catacombes de saint Calixte. Pour l’histoire, dans Rome on comptait 60 catacombes, seulement quatre sont exploités. Dans cette catacombe composée de quatre étages, 500.000 corps y seraient enterrés. Elle est administrée par les Salésiens.

Le vieil indien et son petit-fils : Un vieil indien initiait son petit fils à propos de la vie : « une lutte est en cours à l’intérieur de moi, disait-il à l’enfant. C’est une lutte terrible entre deux loups.  "L’un est plein d’envie, de colère, d’avarice, d’arrogance, de ressentiment, de mensonge, de supériorité, de fausse fierté. L’autre est bon, il est paisible, heureux, serein, humble, généreux, vrai, rempli de compassion. Cette lutte a aussi lieu en toi, mon enfant et en chaque personne. "

Le petit-fils réfléchit un instant et interrogea son grand-père : « Lequel de ces deux loups va gagner la lutte ? »

Le vieil indien répondit simplement : « Celui que tu nourris ».

EFFORÇONS-NOUS  DE NOURRIR LE BON LOUP AU QUOTIDIEN.       MARIE MADELEINE, VIVIANE ET FIDELE

Lettre 5                                             Roma, le 16 de août 2015

Nos sœurs du recyclage nous manquent. Cette semaine, nous avons travaillé  le thème « Femmes en relation ». Nous avons été invitées à approfondir les trois dimensions de la relation : relation avec moi-même, avec Dieu et avec les autres. Tout cela s'est passé dans une ambiance de prière, de recherche, de partage et d'intériorisation.

Pour commencer, nous avons été invitées à un exercice personnel : Regarder la manière dont nous vivons nos relations et les exprimer sur de petits morceaux de tissu, que nous avons assemblés ensuite pour former un cadre. Ensuite nous avons fait une recherche pour mieux connaître l'identité de la femme. Et nous sommes arrivées à la conclusion suivante:

La femme est une créature de Dieu comme l'homme, mais avec des qualités extraordinaires : elle est porteuse de vie ; elle est pleine de tendresse, car elle sait trouver les mots justes aussi bien dans les moments de douleur que dans les moments de joie. Elle est guerrière, courageuse et forte, parce qu'elle ne s’arrête pas devant les difficultés et donne le meilleur d'elle-même ; Elle sait dialoguer pour trouver des solutions pacifiques ; elle est sensible à toute situation et exprime naturellement ses sentiments. Elle est dotée d'un esprit de sacrifice, elle lutte pour la justice quand elle croit qu'il y a une meilleure solution. Dans sa foi elle se rapporte à la famille et au monde.

Relation avec moi même : Si nous ne pouvons pas être heureux avec nous-mêmes, nous ne le serons dans aucun lieu et avec qui que ce soit. Si je ne me sens pas heureux avec moi-même, comment puis-je entrer dans une relation profonde de rencontre avec

quelqu'un d'autre? La première priorité est de trouver le bonheur de vivre avec moi-même, être heureuse intérieurement, satisfaite de ce que je suis et de ce que j’ai : apparence, relations ... Tout doit être en syntonie : Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas améliorer encore ce que nous sommes. Mais si ce sentiment de manque continue, dans la vie rien n'ira bien.

Aimer signifie cultiver un sentiment positif sur nous-mêmes ; par conséquent, avoir l'amour pour les autres deviendra une extension de cet amour que nous cultivons déjà en nous.

Relation avec Dieu : Pour celles qui n’ont  aucun rapport avec elles-mêmes ou avec d'autres, il sera difficile d'établir une relation avec Dieu. Une personne qui ne se perçoit pas n’est pas en mesure de percevoir Dieu. Comment pouvez-vous demander à Dieu de vous entendre si vous ne vous entendez pas vous-même ? Comment voulez-vous que Dieu pense à vous, si vous ne le faites pas vous même ? Cyprien de Carthage a dit: "Je ne peux pas avoir une relation authentique avec Dieu, si je n’ai pas une relation avec moi-même." Pour que ce lien soit vrai, nous devons nous engager et nous révéler pleinement. C'est seulement en nous libérant complètement, telles que nous sommes, qu'une relation peut croître, fleurir et devenir une vraie relation.

Dieu est toujours présent dans ma vie, même si je ne le sens pas. Cette présence implique engagement et la fidélité pour qu'il y aie relation. À cet égard, nous devons nous référer à Lui dans tout ce que nous faisons et pensons ; nous devons lui faire confiance, imaginer que nous vivons sous son regard, en sa présence de façon permanente.

Relation avec les autres : la femme comme être humain est généralement ouverte et elle est habitée par un double mouvement : donner et recevoir. De ce double mouvement, il y a deux relations possibles : le monde vient à elle et elle va vers le monde.

La relation commence avec la connaissance qui est l'accueil de l'autre. Ensuite il y a l'affection, qui est la capacité d’être affectée par la présence de l'autre et qui te pousse à aller à sa rencontre. Certaines valeurs sont essentielles pour vivre une bonne relation : le respect, l'ouverture, l'accueil ... à l'autre.

Marie est un exemple de relation avec soi-même, avec Dieu et avec les autres. Au lieu de la passion-possession, Marie vit la passion-don ; en offrant son fils à la croix, elle reçoit Jean et par lui toute l’humanité. Toute la personne de Marie nous appelle à vivre selon l’ordre de l’amour reçu et donné dont le signe le plus évident est l’ordre de la maternité.

Pour terminer nous avons dégagé quelques éléments qui contribuent à maintenir cette triple relation : avec soi, avec Dieu et avec les autres. Le souvenir de la façon dont il a commencé - la mémoire me touche et me fait continuer à croire en l'autre. Le témoin à apprécier - à percevoir dans une attitude d'estime et de respect ; Le juste équilibre entre la proximité et la distance ; L'espace intérieur - pour établir nos limites et les respecter; Le dévouement à l'autre - se donner simplement et se libérer ; Le réalisme et la mesure - se contenter de ce que l'autre est et de ce qu'il peut me proposer.

À la fin de l'atelier, nous avons eu une journée d'intériorisation en compagnie de Marie et Élisabeth. Avec elles nous avons senti un fort appel à être des femmes de relations. Les deux font un mouvement l'une vers l'autre et reconnaissent et accueillent le don sacré présent dans chacune Quelques mots nous ont aidées à synthétiser ce que nous entendons par relations : réunion, rencontre, proximité, joie, vie, vérité, amour, disponibilité, communion, réciprocité, présence, apprentissage, service.

Comme couronnement de la semaine, le dimanche matin, Maria Filomena nous a fait visiter la Basilique de Saint Paul hors les murs, le Circus Maximus, le mont Palatin, le Colisée, le Forum Romain, Imperial, arcs en l'honneur des empereurs.

Après cet itinéraire, nous sommes revenues à la maison pour un après midi bien calme et reposant. À très bientôt, 

Edneia, Domitila, Virginie

LETTRE 04                                                             10 août 2015

Après une semaine de silence et d'intériorité, en communion profonde avec le Seigneur, nous sommes heureuses de revenir vers vous.

Sainte Jeanne Émilie nous l’a dit  "Lorsque j’irai aux pieds de Jésus, je bannirai de mon esprit toutes pensées vaines pour pouvoir m’unir à Lui et l’écouter dans le fond du cœur et après avoir prié de m’éclairer, je resterai à ses pieds en silence, tâchant de prêter une oreille attentive à ses inspirations afin de redoubler de fidélité pour bien entendre sa voix et me disposer à la suivre" (NP 29).

Cette étape finale pour le recyclage, ce temps fort pour repartir avec plus de courage, cet arrêt au milieu du chemin pour le SIPT, cette rencontre pour obtenir les lumières pour nous configurer comme disciples de Jésus Sauveur a été riche pour chacune de nous.

 C’est le Père Thomas, Salvatorien Congolais qui nous a fait faire un chemin intérieur d'une plus grande proximité avec le Christ à travers les lettres de saint Paul. Il a commencé en nous invitant à raviver le don de Dieu que nous recevons dans notre consécration religieuse, à faire un temps d'arrêt, à reprendre des forces en Jésus, à entrer en intimité avec Dieu, à nous fortifier et à nous renouveler afin de nous préparer pour une mission plus fructueuse. En tant que disciples-athlètes du Christ, nous devons nous entraîner tous les jours, nous renouveler intérieurement et nous demander : "Qu'est-ce qui est important pour moi depuis que j’ai fait cette rencontre décisive avec le Christ "? Seulement alors nous parviendrons à réaliser les rêves exprimés dans nos projets.

Nous avons revisité l'exhortation du Pape aux consacrés en rappelant les trois objectifs auxquels il nous invite à entrer pour ne pas tomber dans la routine et pour que notre témoignage soit plus vivant et joyeux : 1- regarder le passé avec gratitude. 2- Vivre le présent avec passion. 3. Embrasser l'avenir avec espérance. Ces objectifs nous éveillent afin que nous puissions éveiller le monde comme consacrées.

Il nous a amenées à réfléchir sur la vie de communauté et le sens de celle-ci pour le monde d'aujourd'hui, à partir de nos Constitutions : "Nous sommes appelées à former des communautés de disciples de Jésus Sauveur". Il est venu pour être le serviteur de tous. D'où la vraie fraternité, qui ne peut être maintenue que par l'unité dans l'humilité. Donc, nous pouvons vivre la communion en communauté. Le Pape François ajoute que dans la vie consacrée nous devons être experts en communion.

Parlant de la mission, il a repris le thème du document d’Aparecida (DA 370): "passer d'une pastorale de simple conservation à une pastorale vraiment missionnaire". Nous sommes appelées en vue d'une mission et comme ambassadeurs du Christ. Et en tant que telle nous devons avoir la façon de parler et d'agir de celui qui nous envoie. Il a présenté deux dimensions : La profondeur et l’extension de la mission. Profondeur en référence à l'union avec le Christ et son message qui doit être profondément enraciné ; l'extension fait référence à la nécessité de sortir de notre propre cercle, au-delà de nos frontières vers les personnes dans le besoin.

Il nous a amenées à réfléchir sur le témoignage de disciples de Jésus, sur la cohérence, entre ce que nous savons et ce que nous vivons ; l'équilibre qu’a vécu et que nous propose Émilie entre action et contemplation. Pour cela les vertus humaines: la prudence, la justice, la tempérance et la force nous aideront ainsi que les vertus théologales car elles sont dans le cœur de l'homme comme d’ailleurs les vices. Ce qui a attiré les foules à Jésus c’est son témoignage en harmonie avec ses paroles et ses actes, dans la fidélité à la mission reçue du Père. Il considérait la personne comme unique et particulière et lui a offert son amitié et son amour universel.

Il a conclu avec le projet de Jésus et le bonheur des Béatitudes. Jésus continue à appeler les hommes et les femmes à tout quitter pour le suivre et son appel personnel continue et s’exprime toujours dans le : Viens, suis-moi !

Dans l'Eucharistie du dernier jour de la retraite, certaines ont partagé leurs expériences.

Toutefois, pour conclure le temps du recyclage, le dimanche après-midi, les participantes ont rencontré l’Équipe générale pour une évaluation. Une belle célébration a été vécue en cinq étapes et a signifié tout le chemin parcouru durant ce parcours de CASTRES à ROME.

Elle a été préparée par 5 groupes et l’on pouvait percevoir une harmonie profonde, beaucoup de symbolisme et de créativité qui ont permis participation, réflexion, joie et communion. En tant que protagonistes et femmes disciples qui envoient d'autres disciples, Nuria a oint chaque recyclante et les a envoyées en mission.

La fête s’est terminée par une soirée de remerciements et de confraternité pour célébrer toute cette vie. Le groupe des recyclantes a offert un souvenir à chaque sœur de la maison pour les remercier de leurs services et de leur dévouement. Les jeunes ont préparé un film avec des moments amusants qui ont suscité beaucoup de rires et de détente. Un moment fort en famille, avec pizza, boissons et danses.

Un grand merci à chaque sœur, communauté et province qui êtes en communion spirituelle avec nous.

Le SIPT continue ! Nous comptons sur vous.

  Crispina, Luzia, Ceferina, Chantale et Rosalie.

Lettre 03                                                       Rome 5 août 2015

Avec toute la Congrégation, nous vivons dans la peine mais aussi dans l’Espérance, le rappel à Dieu de notre sœur Marie Justine. Nous sommes unies à toute la province et à tout le peuple du Bénin. Que Sainte Emilie l'introduise dans le Cœur de Jésus Sauveur qu'elle a aimé et servi ici-bas. Nous rendons grâce à Dieu pour le témoignage de sa vie profonde là où elle est passée. Elle a su apporter sa pierre à la construction de l'Histoire de la Congrégation aussi bien dans sa province du Bénin qu'au niveau de l´Équipe Générale d'Animation. Sa vie toute donnée dans la gratuité au service de l'Église du Bénin et de la Vie Consacrée en Afrique, nous interpelle. Nous remercions Nuria pour sa présence effective auprès de la province et de la famille humaine de Marie Justine, au nom de la Congrégation.

Ces moments de souffrances et de difficultés sont aussi des chemins de croissance. C´est ce que nous avons perçu dans l'étude de l´Histoire de la Congrégation, avec Maria Filomena Mecabo.

En effet, à partir des textes de Congrégation, de la réalité de l´époque, avec des clefs de lecture appropriées, elle nous a invitées à rechercher comment furent vécues la fraternité, la spiritualité, la mission et la manière d´exercer l´autorité à chaque époque. La méthodologie utilisée nous a permis d´avoir des moments de réflexion personnelle, de partage en groupe, suivis des présentations en plénières faites de manière très créative et très priante.

Grâce à cette étude, nous avons pu voir comment nos différentes supérieures générales ont vécu et transmis avec fidélité notre charisme, chacune avec ses richesses et ses difficultés, cependant dans la foi en la Providence Divine et la confiance en Dieu.

 Toutes furent des femmes centrées sur Dieu : Mère Hélène Delmas, Mère Séraphine Lequeux (11/09/1862 à 20/09/1871), Mère Germaine Merliot (20/09/1871 à 7/09/1880), Mère Théodosie Rhule (08/08/1905 à 20/08/1921), Mère Sylvie Azaïs (20/08/1921 à 8/08/1936), Mère Flavienne Bonhomme (16/08/1902 à 14/10/1904), chacune ayant laissé des marques profondes.

 Durant ces quatre jours, nous avons été marquées par leur manière de maintenir le charisme et l´esprit de famille, leur créativité pour donner des réponses nouvelles, audacieuses, pendant la période de guerre, au moment où la Congrégation semblait mourir. Elles étaient des femmes d´oraison, fidèles au charisme et à la mission, cherchant toujours à faire la volonté de Dieu.

 Nous sommes appelées à continuer cette étude, à approfondir l´histoire de notre famille bleue. Nous avons une mine d´or dans la SOURCE et Marie Bénédicte s´est rendue disponible pour nous montrer comment l´exploiter. Elle nous a aussi montré des archives et des documents intéressants de Congrégation.

Chères Soeurs, chers frères, nous sommes toujours dans un climat de fête, d´action de grâce après la canonisation de notre Sainte Jeanne Emilie en cette année qui lui est dédiée. C´est dans ce cadre que Maria Luiza Ayres, nous a retracé l´historique du processus de canonisation initié depuis 1949, sous le mandat de Mère Sylvie Azaïs. Elle nous a aussi montré toute la documentation en commençant par la première positio écrite pour la reconnaissance des vertus.

Après cette belle expérience de l´étude de notre Histoire, nous sommes allées à la rencontre d´une autre histoire, celle de Rome. Une visite de la Ville Sainte nous a conduit tout d´abord à la Basilique Saint Jean de Latran, Cathédrale du Pape. Ensuite, nous avons fait une petite escale au Baptistère là où Constantin reçut le Baptême avant de nous rendre au Saint Escalier, (celui que Jésus aurait escaladé pour ce présenter devant Pilate) et à la Basilique Sainte Marie Majeure. Toute une matinée en pèlerinage comme des disciples en chemin, contemplant les merveilles de la Cité sainte.

Par ailleurs, en cette année dédiée à la vie consacrée, la CIVCSVA nous a offert une visite guidée gratuite au Musée du Vatican. En guise d´introduction, une religieuse nous a donné une petite conférence sur les oeuvres d´art de la chapelle Sixtine à l´aide d´un power point. Malheureusement, après une journée de marche sous un soleil de plomb, la plupart d´entre nous ont eu du mal à maintenir les yeux ouverts approuvant de la tête tout ce que cette religieuse disait. Dieu aime son bien aimé quand il dort.

Après cette pause pour certaines, la visite du Musée durera deux heures et demie. Toute chose ayant une fin, nous avons clôturé cette belle journée dégustant de délicieuses glaces italiennes offertes par Sr Asunción, sur le chemin du retour. Après une journée de marathon, ce fut un régal. Nous avons bien apprécié ce geste en effet. Dans la soirée, la fatigue aidant, chacune a vite retrouvé son lit, aussitôt le souper terminé, et laissé le silence envahir les lieux.

Ce temps de repos nous a permis de renouveler nos forces pour commencer la réflexion sur le quatrième voeu avec Norma. Pour nous orienter dans ce thème, quelques questions nous sont posées : Que signifie pour nous vivre le quatrième voeu aujourd´hui ? Comment l´avons-nous vécu dans les débuts de notre vie consacrée ? Comment le re-signifier et le vivre dans chaque réalité de nos pays qui nous interpelle aujourd´hui? Quelle image de Dieu avons-nous ? Quelle est la spiritualité des personnes qui vivent autour de nous ? Quelles images de Dieu nous révèlent-elles ?

Après un temps de réflexion personnelle, de partage en groupe à partir de la SOURCE (cf. textes sur le quatrième voeu), Norma nous a invitées à poser nos questions à Emilie et lui laisser le soin de nous répondre. Nous vous partageons le travail d´un groupe :

 Notre chère bonne mère,

Réunies pour parler du quatrième vœu et de son vécu aujourd’hui, plusieurs questions surgissent en nous et nous voulons te les exprimer :

Que dois-je faire davantage pour maintenir ce vœu dans mon esprit ?

Que me manque-t-il à vivre ?

Qu’est-ce qui peut m’aider à conserver ton esprit ?

Est-ce je comprends le sens de ce vœu ?

Au milieu de toutes ses réalités (suicides, homicides…), comment aider les personnes à trouver la volonté de vivre ?

Chère Mère, vos filles tant aimées comptent sur votre intercession et vos prières et vous assurent de leur dévouement tout particulier.

 Réponse de la bonne mère : Chères filles,

Je me réjouis que vous vous retrouviez en famille bleue pour réfléchir sur le 4ème vœu. Le vécu de ce vœu pour moi a été plein de sens. A partir de mon expérience et de celle transmise à vos sœurs, je vous invite au dévouement, au sacrifice, à la sanctification personnelle avant d’arriver à celle du prochain, à la fidélité aux exercices de piété, au don de votre vie, pour le prochain, à la prière pour le salut des âmes, à la conversion permanente, l’amour des parents traduit par la prière, la dévotion à la Vierge et à l’imitation de ses vertus, humilité.

Aujourd’hui, dans votre contexte actuel, soyez toujours soucieuses de garder l’esprit de la Congrégation. Je vous prie donc d’avoir un esprit de sacrifice, de respect et d’accueil des dons personnels, d’être flexible, de passer de l’opposition à la disposition, d’oublier vos intérêts personnels pour vous centrer sur Dieu. Il vous est nécessaire de vivre votre 4è vœu pour garder votre identité de sœurs bleues. Ce vœu est une richesse pour vous. En tout, ayez à cœur de toujours rechercher la volonté de Dieu ; et n’oubliez surtout pas de prier pour la conversion des pécheurs.

Je vous assure de mon affection et vous confie au Cœur de Jésus.

Votre tendre et dévouée Mère. 

Ce travail autour du quatrième vœu nous rappelle la nécessité de connaître davantage la réalité dans laquelle nous sommes insérées, sa vision et ses paradigmes.

Pour joindre l'utile à l´agréable, durant cette semaine, dans la soirée, chaque province ou pays a eu l´opportunité de présenter sa réalité, offrant des souvenirs, des friandises, et nous gratifiant de danses typiques. Ensemble, nous avons vécu de bons moments de décontraction, d'apprentissages de nouveaux pas de danses, découvrant ainsi de nombreux talents d'artistes. La joie est contagieuse. Nous remercions les provinces et toutes les communautés qui ont contribué à ces agapes fraternelles.

Le jeudi 30 juillet, Montserrat qui est venue à notre secours pour la traduction simultanée est retournée à Barcelone. Nous lui disons un grand merci pour son service silencieux et très efficace ainsi que pour sa patience sans limite qui nous a aidées dans l'apprentissage des langues.

Pour célébrer le vécu de cette semaine, nous sommes allées à Assise, à la rencontre de François et de Claire. Grâce à l´aide d´un guide, nous avons eu plus d´explications sur les différents tableaux d´art des Basiliques de Sainte Claire et de Saint François ainsi que sur les lieux où François a vécu avec sa famille. Ce fut une journée de pèlerinage, pour nous et pour beaucoup d´autres. Comme Jésus à Jérusalem, certaines se sont perdues à Assise et n`ont même pas eu le temps de s´alimenter. Nous les avons retrouvées, le visage et les pieds brûlés par le chaud soleil.

Nous avons terminé cette étape par une synthèse personnelle en faisant mémoire du vécu que nous avons ensuite partagé dans un climat de prière.

Chères sœurs, chers frères, nous vous disons un grand merci pour vos prières et vos différents messages remplis d'affection. Vous êtes aussi présents dans nos cœurs, avec Jésus et Sainte Émilie. Aujourd'hui nous entrons en retraite. Nous comptons sur vos prières et vous assurons des nôtres.Nous vous embrassons avec affection, Rome, en cet été, 03-08-2015,

Luiza Cesca, Margarita Ana Bustos et Eugénie Andrée

LETTRE 02                                           Rome, le 26 juillet 2015

De Rome où nous poursuivons notre cheminement, nous vous rejoignons pour vous partager le vécu de la semaine. Elle a été marquée par une session sur la vie religieuse : « Un mode de vie signifiant pour aujourd’hui », dynamisé par Maria José Gay, Carmélite Missionnaire Thérésienne. Ce thème a permis à chacune de relire son histoire personnelle, de faire une halte sur sa vie de femme consacrée pour mieux percevoir d’où elle vient et où elle va.

Plusieurs récits et icônes de la Bible nous ont été proposés pour approfondir la relecture des trois vœux.

L’obéissance

La vie religieuse est l’écoute attentive de Dieu à travers les intermédiaires. Écouter Dieu c’est faire ce qu’Il veut ou ce qu’il nous murmure au plus profond de nous-mêmes. Ainsi, par ce vœu d’obéissance, nous sommes appelées à nous rendre disponibles pour accueillir la volonté de Dieu. L’obéissance religieuse redonne sens à notre vie et nous donne la force de transmettre cette vie aux autres. La cène du lavement des pieds en dit long. Jésus, avec ses disciples montre la meilleure façon de vivre la circularité dans la différence. Ce geste apporte à chacun ce qui lui est propre pour bâtir la communauté et bien vivre sa mission.

La chasteté

L’amour est une expérience personnelle. Il engage toute la personne qui décide de le vivre.

Par le vœu de chasteté, nous témoignons de notre amour pour le Christ en lui répandant comme Marie Madeleine le meilleur parfum que nous ayons. Dans la liberté, nous devons aimer et nous laisser aimer. Aussi, vivre notre célibat c’est ouvrir nos cœurs à Jésus et aux autres, le regarder et le contempler sans cesse dans notre vie.

La pauvreté

C’est par un regard contemplatif et compatissant que nous parviendrons à vivre une pauvreté radicale à l’exemple du Christ qui de condition divine, s’est fait homme et s’est incarné. Dans notre monde d’aujourd’hui, nous sommes appelées à nous laisser émouvoir jusqu’aux entrailles pour nous laisser toucher par toute forme de pauvretés.

Après ce temps fort d’intériorisation et de relecture, nous poursuivons avec Maria Filomena MECABO qui nous a aidées à relire l’histoire de la congrégation. C’est une grande richesse à savourer dit – elle et à partager avec tous les laïcs qui collaborent avec nous dans la mission.

Les objectifs poursuivis rejoignent ceux du pape en cette année de la vie consacrée : « Raconter sa propre histoire est indispensable pour garder vivante l’identité et pour raffermir l’unité de la famille et le sens d’appartenance de ses membres ; parcourir le chemin des générations passées pour y cueillir l’étincelle inspiratrices, les idéaux, les projets, les valeurs qui les ont mues… »

Elle nous présente les clés de lecture de la réalité sociale à partir des théories de la sociologie :

 « Positivistes fonctionnalistes » et « historiques critiques ». Une autre clé de lecture a été la conscience du possible dans le contexte où nos sœurs ont vécu.

Cette dynamique a facilité nos interactions, nos partages enrichi nos recherches.

Bien chères sœurs une fois de plus unissons nos prières à celles de la province du Bénin et demeurons dans l’espérance. Notre sœur Marie Justine a rejoint nos devancières. Qu’elles intercèdent pour notre famille bleue et la soutiennent dans sa mission.

L’équipe de communication du SIPT et Recyclage :

Béatriz FLORES Chiméne BIGUAGU Samila REIS Sophie GUEYE

LETTRE 01                                                                                          Rome, le 23 Juillet 2015

Chères sœurs c’est dans la joie que nous avons partagé avec vous, jour après jour, les évènements du SIPT et du recyclage dans le site. Aujourd’hui, nous voulons vous transmettre le sens que ce chemin, parcouru comme groupe, a eu pour chacune de nous.

Nous sommes 11 participantes du SIPT et 17 du recyclage. Nous faisons une expérience très riche de partage en inter-génération et culture.

La première étape de cette expérience a commencé à la Maison Mère où nous avons passé dix jours. L’icône des clés de la maison mère (les originaux) qui nous accompagnera tout le long de notre formation revêt dans ce lieu un sens particulier et profond. En effet, il s’agit pour chacune de nous, d’une part, de nous ouvrir à la personne d’Émilie et à son expérience. D’autre part, nous sommes invitées à nous en approprier, à converser avec elle et à nous laisser transformer par elle. Les visites qui ont jalonné notre séjour à Castres, Albi, Toulouse, Hauterive, nous ont aidé à rendre Émilie un peu plus présente parmi nous et à illustrer les thèmes que nous avons priés et partagés ensemble.

Ainsi, dans cette dynamique, l’étape de la maison mère nous a plongées dans quatre thèmes qui ont trait à notre identité de femmes consacrées bleues. Chaque thème fut animé avec une dynamique qui nous aidait à intérioriser, à relire et à partager le chemin personnel de foi. Voici en bref ce qui a été retenu :

· Spiritualité-charisme : la spiritualité est la manière dont je vis, interprète, reçoit et accepte ce qui m’arrive dans le quotidien. C’est ce qui me meut de l’intérieur et m’aide à réaliser mes convictions. La spiritualité est ce qui donne sens, saveur à la vie. Ce sont mes motivations, convictions profondes. C’est ce qui m’aide à vivre la dynamique de passage de l’opposition à la disposition

· Femme centrée sur Dieu Seul : nous sommes appelées à centrer notre vie sur Dieu à travers notre personne. Vivre centrée sur Dieu seul comme une expérience d’amour qui traverse notre corps de femme. Nous sommes invitées à être femmes porteuses de vie et disposées à accueillir les imprévus. Nous avons besoin de déployer notre capacité de collaboration, d’initiative, de don de nous-mêmes pour les autres. Notre mission est ainsi, comme le dit notre Bonne Mère, de conquérir du monde pour le Règne : « Connaitre et faire connaitre Jésus Christ. » A cette étape de notre vie nous voulons être fidèles à transmettre ce que nous avons reçu.

Femme disciple de Jésus Sauveur : le texte de Saint Luc 8, 43-48 nous introduit dans ce thème. Nous avons essayé de mettre en exergue les lumières et les ombres de ce chemin de disciple ; mais aussi les exigences telles que : vivre dans la sincérité, correction fraternelle, travailler nos mouvements intérieurs, nous connaitre, vivre la pédagogie de la proximité, être des femmes attentionnées qui portent et transmettent la vie…. L’écoute et la communication sont importantes : écouter Dieu et ses lumières, mais aussi les autres. Comme Emilie, apprendre à parler avec délicatesse et tendresse en faveur de la croissance des personnes. Emilie nous a interpelées : comment dans nos communautés nous sentons-nous soutenues par chaque sœur ? comment nous-mêmes soutenons les autres dans la fatigue, la mission, le découragement… ?

 · La recherche de la volonté de Dieu : nos réflexions et prières nous ont permis de recueillir les clés et pistes de lecture. Les clés sont les convictions que mon expérience de recherche et d’abandon à la volonté de Dieu m’a révélées : avoir un projet de vie personnel et communautaire – une union continuelle à Dieu à partir d’une prière incarnée – maturité humaine et spirituelle – attitude de disponibilité et d’ouverture – discernement dans l’écoute active et le dialogue – accompagnement – paix intérieure et sérénité – la centralité en Dieu : « voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu. » Les pistes sont les passages à faire pour aller en profondeur dans le vécu de ces convictions : – la fraternité et la « sororité » - la constance dans la prière – une attitude quotidienne de discernement – le changement continuel de regard – l’attention à notre intuition féminine – se laisser conduire par Dieu et les autres – le partage et la relecture de la vie et de la mission au niveau personnel et communautaire – la formation continuelle et permanente au niveau humain, spirituel, professionnel pour avoir des clés de lecture de la réalité – la capacité à accueillir l’autre, le différent – marcher à contre courant des non-valeurs.

A la fin de cette étape, « en arrivant jusqu’ici, » comme sœur bleue, nous nous sentons en chemin de syntonie avec Dieu, la congrégation et les pauvres. Nous sentons que l’Esprit creuse en nous un grand désir de « Dieu Seul. » Il nous invite a une maturité humaine et spirituelle, à être des femmes incarnées dans la réalité, à trouver de nouvelles formes de vivre la fraternité dans la multiculturalité, et de vivre en égale dignité avec les plus démunis.

Nous remercions toutes les provinces et les sœurs qui nous ont écrit et nous soutiennent par leurs prières. Un merci spécial à la communauté de la Maison Mère qui nous a accueillies. Grâce à leur disponibilité, leur affection et l’attention de toutes, nous nous sommes senties chez nous.

 Fraternellement, au nom des Sœurs du SIPT et du Recyclage : 

Myriam, Gorette, Edineia, Maria de Jésus, Lucila, Iphigénie

"Seigneur, nous arrivons des quatre coins de l'horizon"

Ouverture de notre temps fort International

à la MAISON MÈRE

Nous sommes presque au complet et commençons notre chemin comme groupe.

Nous ouvrons la journée par le mot de bienvenue de notre Supérieure Générale Soeur Nuria Bayo Blasco.

Elle nous invite à faire de ce temps :

• une occasion de rencontre  et de renouvellement de notre cœur,
• d’unification et d’intégration de nos rêves, désirs et défis,
• de ré-enchantement pour notre vocation de femme consacrée et de sœur bleue,
• de relecture du chemin parcouru,
• de découverte et d’approfondissement.