Mme Raymonde Felgines
PREFACE
À la découverte...
Le 5 juillet 2009 nous étions quelques 4 000, à Castres, dans le parc de Gourjade, pour la béatification de Jeanne - Émilie de Villeneuve.
Une béatification c'était une première dans le Tarn et pour une femme de chez nous ! La foule est venue pour découvrir, prier et connaître la bienheureuse. Dans le Tarn et bien au-delà, on a rencontré des « sœurs bleues », mais Jeanne-Émilie ? Depuis sa mort, en 1854 les témoins ont disparu. De plus, avec l'expulsion des religieuses en 1905, les guerres, les soucis missionnaires ont fort occupé sa congrégation.
Celle-ci a décidé seulement le 8 août 1947 d'introduire le processus qui a conduit à la béatification, puis à la canonisation, à Rome cette fois, le 17 mai 2015.
L'auteure du livre auquel je joins cette modeste préface, est une femme issue du même terroir qu’Émilie. Elle excelle à décrire l'enfance et la jeunesse de la sainte au château d'Hauterive, sa vocation, puis les débuts de la congrégation. Étapes précises et anecdotes rendent la lecture facile. Reste à découvrir l'humanité et le charisme de la sainte qui associa audace et discernement. L'audace ce fut de se risquer à regrouper des adolescentes pour qu'elles échappent à la prostitution, assurer la nourriture et le linge des détenus de la prison de Castres et finalement tenter l'aventure de la mission en Afrique. Ses sœurs ont été parmi les premières « aventurières de Dieu » qu'a décrites Elisabeth Dufourcq. Audace oui, mais discernement également, aussi bien pour accueillir ou ne pas recevoir telle candidate au noviciat, fermeté par rapport à des religieux Sainte Jeanne-Émilie de Villeneuve influents qui lui proposaient des fondations dans la région d'Amiens. Les avantages promis ne suffirent pas. Elle refusa.
Ce livre fera admirer la personnalité de Sainte Jeanne - Émilie de Villeneuve. Mais il ne dit pas tout. Bien sûr on y verra les premiers développements de la congrégation mais aussi bien des éléments sur les bases de sa spiritualité. Aujourd'hui on voudrait aller plus loin. Les religieuses et les amis d’Émilie disposent maintenant d'une étude réalisée par des experts de l'université de Nimègue, en Hollande. Ils ont montré le développement progressif de sa vie de foi, la compréhension de l'appel de Dieu sur elle et ses sœurs, à mesure que s'est approfondie sa relation avec Dieu et avec les personnes.
Actuellement des groupes de partage travaillent sur des textes d’Émilie. Dans la prière ces personnes sont heureuses, éblouies parfois, en découvrant ce que l'Esprit Saint a donné à notre sainte pour l'Église d'hier et de demain. Puissent de nouveaux amis rejoindre ces groupes à Castres et ailleurs à travers le monde. Sainte Émilie en vaut la peine. Ce livre y introduira.
Abbé Claude CUGNASSE
AVANT-PROPOS
Nous sommes le 4 juillet 2009. Le Couvent Bleu à Castres est très animé, car demain va être un grand jour : celui de la béatification de la Fondatrice, Emilie de Villeneuve. En ce samedi, il est ouvert aux visites et je m'y rends, en fin d'après-midi. Je croise des groupes de sœurs qui, manifestement, ne sont pas d'ici. L'atmosphère est animée, joyeuse.
L'une des religieuses me fait visiter La Chambre des Souvenirs.
Elle m'explique que c'est dans cette pièce qu'est décédée la Fondatrice, dans un lit semblable à celui qui y est exposé. On y garde divers objets lui ayant appartenu comme son bureau, son chapelet, une aube brodée par ses soins, une lettre sous une vitre, une mèche de cheveux... Un grand chaudron en cuivre, dans un coin, attire ma curiosité. La Sœur m'explique que c'est là qu'on faisait la soupe des prisonniers.
Il règne dans cette pièce une atmosphère particulière, tissée d'un mélange de respect, de vénération, de souvenir, d'amour. La visiter est un moment de forte émotion. D'autres personnes m'en ont parlé depuis et m'ont dit avoir éprouvé la même chose.
Je m'achemine ensuite vers la tombe, tout en haut, dans un coin du parc. Presque aussitôt, arrive un groupe de Brésiliens. Ils allument des bougies tout autour et se mettent à chanter des chants religieux, dans leur langue. Je ne comprends pas les paroles ; ce n'est pas nécessaire. Un lien se tisse, impalpable et pourtant tellement réel !
Semblable à un fil d'argent qui réunirait tous les Chrétiens, à travers les océans comme à travers le temps, pour célébrer les valeurs de l’Evangile : l’entraide et l’amour. Je sais aussi que les religieuses viennent tous les jours se recueillir auprès de cette tombe.
L’air vibre des prières qui y ont été prononcées et des chants qu’on y a entonnés.
C’est à partir de cette époque que je me suis intéressée à la vie d’Émilie de Villeneuve, Fondatrice de la congrégation de l’Immaculée Conception : qui était-elle ? Pourquoi est-elle ainsi respectée et vénérée ? Je vous propose de découvrir ensemble cette femme admirable.
L’auteure
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