Mission Bleue en Haïti


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7 ans en chemin missionnaire en Haïti et Cuba

par  Izabete Dal-Farra

 

‘’Vivre, travailler et mourir pour Dieu Seul ! ’’ (Emilie de Villeneuve)

 

Vivre et travailler en Haïti, en ce moment où les gens cherchent un ‘’changement de système’’ est un vrai défis et, partir dans ce contexte, est mourir…Dieu vient juste de me demander le sacrifice  de retourner au Brésil, pour  continuer ma mission là-bas. La Mission appartient à Dieu et nous savons que d’autres sœurs et surtout des Jeunes Haïtiennes, viendront un jour, pour poursuivre la Mission  de Sainte Émilie de Villeneuve.   Après avoir accueilli la ‘’Grâce de Dieu’’, je retourne au Brésil, avec la même joie missionnaire que je suis partie a 7 ans !

 

En ce temps, avec mes consœurs, Dieu nous a permis d’enraciner le Charisme Bleu en terres Haïtiennes, dans la simplicité, au milieu de son peuple. Comme Jésus, ‘’…nous avons passé en faisant le bien…’’. La simplicité et le courage de ces femmes vaillantes, m’ont aidée toujours à recommencer, avec d’autres Missionnaires pour aider  les gens à retrouver leurs Forces Vitales, des brèches d’ouverture, pour grandir dans l’Autonomie, la Vie et la Paix.

 

Chaque rencontre avec l’autre, a été pour moi, un moyen privilégié d’ apprentissage, pour accueillir les richesses de chaque personne, dépasser les obstacles et, surtout témoigner  la tendresse de Jésus Sauveur : pour qu’Il soit plus ‘’connu et aimée !’’ Dieu m’a permis de collaborer avec lui, pour ‘’agir autrement’’, dans la simplicité et la proximité des personnes, à qui,  j’ai donné du temps, pour écouter les cris et les silences… accueillir les appels et ce qui a été possible de  ‘’vivre avec’’ dans le concret,  en partenariat avec les Frères des Écoles Chrétiennes, et dans l’engagement avec les autres Religieuses - anciennes étudiantes de l’institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal.

 

Vivre au  milieu des gens, en  Mission itinérante !   J’ai vécu beaucoup de joie dans l’accompagnement des  personnes, avec mes sœurs, chacune engagée avec ses compétences et faiblesses,   en offrant le meilleur de nous-mêmes.  Quel bonheur d’être avec  les Enfants : les Petits Bâtisseurs de Ponts de Paix, les Jeunes et l’Art  Mosaïques, les Adultes, les Professeurs et les Agents de la Pastorale,  à Port au Prince comme à différents villes du Pays où nous sommes allées,  surtout suite au différents catastrophes naturelles, les violences et situations de vulnérabilité. Ce processus d’humanisation, engagé au début nous a permis de vivre des moments de bonheur, de dignité et profonde liberté intérieure.  Comment dire Merci ?

 

Ma reconnaissance à Dieu pour la Vie ; et, au Peuple Haïtien, qui m’a appris à aimer jusqu’au bout, dans un lien d’ouverture, joie et simplicité !  Izabete Dal-Farra, cic

 

Voici quelques témoignages reçus en ce dernier temps du  Peuple Haïtien :

 

’’Je vous dis un grand merci pour toutes les formations dont nous avons bénéficié, nous les gens de Canaan, et pourquoi pas de Haïti  en général, qui aujourd’hui, nous donnent : la force, la gaîté, le courage, l’amour, humilité, la sagesse d’agir autrement, qui nous permettent de mieux nous connaitre et découvrir ce qui sont caché à l’intérieur de nous ; ce qui est bon, ce qui est mauvais ; si c’ est mauvais vous aviez travaillé avec nous, avec soin afin que nous ayons le courage  de rejeter les mal qui est en nous depuis bien de temps. Particulièrement toutes les formations que j’ai suivies, je peux dire clairement et au plus profond de moi, que je suis totalement une autre personne.

 

Dans la dernière formation à Canaan, tu nous as laissé  avec un sourire, qui demeure en moi pour toujours. Encore une fois merci… merci pour grand cœur aimable et en or au sein de gens défavorisées, pour ton oreille qui entend autre que la voix du pauvre. Que Dieu vous protège et vous bénisse, qu’il continue à vous garder dans sa grandeur ! Bon voyage, ma Sœur et bonne Mission dans le travail du Seigneur, (Iscar – 30 ans Jeune Professeur à Canaan)

 

‘’Izabete tu pars trop rapide!  Femme courageuse, déterminée, audacieuse. Merci au nom d’Haïti. J’ai vu ton grand amour pour notre peuple… Avec toi, j’ai appris ce que signifie ‘’adopter un peuple’’. Tu as adopté le peuple d’Haïti avec un grand cœur maternel. Même durant le danger tu étais toujours en action. … Grace à ta personne, beaucoup des personnes ont retrouvé le gout de vivre et d’aimer. Ta présence restera gravée dans mon cœur et dans celui de notre peuple. Et, comme dans l’Amour il n’y a pas de distances, nous resterons unies dans l’amour…’’ (Religieuses Haïtiennes- membres du Réseau d’Humanisation en Haïti.) 

 

‘’ Je veux dire merci, car tu es venue jusqu’à nous pour nous restaurer. L’Esprit Saint t’a envoyé en Haïti. Aujourd’hui, tu retournes en Mission dans ton Pays, mais ton Esprit demeure avec nous. Nous allons continuer à vivre et enseigner ce que nous avons appris avec toi, avec vous. C’est cela notre bouquet de fleur pour toi ! ‘’  (François et Rosemène - Canaan)

 

 



Haïti le 09 Octobre 2016

 

+ Dieu Seul

 

 Bien chères sœurs, chers frères et chers laïcs (laïques), amis d’Emilie

 

Une semaine après le passage du cyclone Mathew en Haïti, nous voulons nous incliner devant la mémoire de tant de victimes (plus de 800 selon la presse étrangère et 350 selon le gouvernement haïtien). Cet ouragan meurtrier a augmenté le lot de misères que connait déjà le peuple haïtien. Beaucoup de familles sinistrées, sans maison, sans bien. La mer a emporté personnes, maisons, bêtes et champs. Plusieurs départements du Sud du pays, qui a été plus touché, sont dépouillés et inondés. Réalité difficile à admettre. En 2007 le passage d’un cyclone en Haïti a été meurtrier. On se souvient encore du fameux tremblement de terre de 2010 qui a fait 300 000 morts. Aujourd’hui encore Haïti pleure amèrement. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Cyclone meurtrier en Haïti - octobre 2016

Dimanche 02 octobre

 

 

Nous nous réveillons comme d’habitude dans notre petite nouvelle maison. Cependant le ciel est un peu obscur. Le chaud soleil d’Haïti n’est pas au rendez-vous. Il y a aussi beaucoup de vent. Selon la météo, il est fort probable que l’ouragan Matthew traverse le pays. Cela ne nous inquiète pas pour autant et la vie continue chez nous. En communauté nous sommes beaucoup plus préoccupées par la célébration de la fête de Sainte Emilie.

 

Dans la soirée, le président provisoire Privert entouré de son gouvernement, s’adresse à la nation en des termes assez graves : « Mathew commence à entrer en Haïti et représente une menace pour le pays et particulièrement pour les populations du Sud ainsi que celles qui sont proches de la mer et dans des zones inondables. Par conséquent, il est urgent de quitter ces lieux et de rejoindre les abris provisoires ». Cet appel a été repris plusieurs fois par les autorités locales car il est difficile de convaincre ce peuple qui voit en Dieu la solution de tous ses problèmes (Bondye kone tout bagay. Li bon). Le Ministère de l’Education annonce la fermeture des écoles seulement pour le lundi.

 

Lundi 03 octobre : Fête de Sainte Emilie de Villeneuve

 

Nous nous réveillons encore sans soleil. Il fait frais. Il commence à pleuvoir. Le Père Rogerio, jésuite brésilien, vient célébrer la messe pour nous dans notre chapelle. Nous prions aux intentions de la Congrégation et du peuple haïtien.

 

Après le petit déjeuner nous  prenons le temps d’écouter les nouvelles. L’ouragan est bien arrivé et commence à faire des dégâts. Un appel à la prudence est encore lancé. De notre côté, avec la pluie et les vents, nous décidons de rester sagement à la maison et de ne pas aller au Centre Social. La peur commençait à se faire sentir à ce moment.

 

Dans la soirée, le président reprend la parole, avec beaucoup de tristesse, pour faire l’état des lieux et annoncer la fermeture des écoles pour toute la semaine.

 

La nuit du lundi au mardi a été terrible chez nous et nous imaginons que cela l’a été davantage au sud. Il y a eu beaucoup, beaucoup de vent, de vents violents, beaucoup de pluie et il faisait tellement froid (une première en Haïti depuis que nous sommes arrivées). Tout voltigeait. Sommeil perturbé. Nuit longue. La peur était au rendez-vous. Battements cardiaques accélérés. Notre maison est restée intacte.

 

 

Mardi 04 octobre

 

 

Pas de soleil. La pluie continue à tomber et ce jusqu’à la soirée. Plusieurs plantes de notre jardin sont à terre. Nous, nous sommes vivantes grâce à Dieu. Cependant les nouvelles ne sont pas bonnes. Le Sud du pays est totalement coupé. Pas de route ni de réseau téléphonique. Nous ne pouvons même pas communiquer avec nos amis religieux et religieuses. Les premières images sont terribles à voir. La ville la plus touchée, Jérémie (80% de la ville sont détruits par les eaux). Le Président s’adresse à la nation en ces termes : « C’est catastrophique ». Un appel à la solidarité est lancé.

 

Toute la journée nous restons confinées dans la maison sans mettre le nez dehors mais nous ressentons douloureusement ce drame qui touche tout le pays. Que faire ? Nous nous sentons faibles et démunies. Nous n’avons pour recours pour le moment que la prière.

 

 

 

Mercredi 05 octobre

 

 

Temps toujours triste. Nous prenons notre courage à deux mains et décidons de sortir. Les rues sont encore désertes et sales. Quelques quartiers de Port au prince sont aussi inondés. La pluie recommence. Nous sommes inquiètes. Les activités du centre sont aussi suspendues. Nous sommes sans nouvelle de nos amis du Sud. L’ouragan a quitté notre pays mais y a laissé un cortège funèbre et dépouillé des milliers de familles. Il faut maintenant porter assistance aux personnes qui ont survécu et qui sont restées isolées sans nourriture ni eau potable depuis lundi, avec une peur d’une recrudescence du choléra déjà présent dans le pays.

 

Les élections prévues initialement le dimanche 09 octobre sont renvoyées à une date ultérieure.

 

 

 

Chères sœurs et chers frères, ainsi avons-nous vécu le passage de ce cyclone en Haïti. Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir protégées et à Emilie de veiller sur nous. C’est seulement jeudi et samedi que nous avons pu entrer en contact avec nos amis. Ils sont tous en vie mais ont perdu beaucoup de biens et même des bâtiments. Il faut encore reconstruire.  

 

 

 

Nous vous exprimons notre gratitude pour vos prières, votre proximité et votre solidarité devant ce drame que vient de connaître notre Haïti Chérie. En effet, nous avons reçu beaucoup de messages, de coups de fil, de la part de toute la Congrégation et de nos partenaires dans la mission. Que Dieu vous bénisse.

 

Le bilan est lourd, les pertes sont énormes. Les images ne cessent de défiler devant le petit écran et c’est la réalité. Nous sommes loin des lieux de la catastrophe mais nous compatissons à la douleur de ce peuple. L’heure est à l’action non seulement urgente mais aussi durable. Le pays reçoit chaque jour de l’aide venant de l’étranger mais il est conscient que la première aide est la vraie solidarité nationale.

 

 

 

En tant que filles d’Emilie, nous ne pouvons pas rester indifférentes malgré notre nombre réduit. La devise du pays étant « l’union fait la force », nous allons pour le moment manifester notre solidarité aux populations du Sud  de concert avec la Conférence Haïtienne des Religieux. Dans les prochains jours,  avec l’amélioration de l’état des routes, nous verrons ce qui est possible de faire avec nos amis religieux qui sont dans le Sud et qui ont déjà commencé à soutenir les populations. Trois journées de deuil national ont été décrétées du 09 au 11 octobre.

 

Continuons à prier pour ce peuple meurtri et pour les vocations missionnaires au sein de notre Congrégation. Que Sainte Emilie intercède pour nous et en ce mois de Rosaire que La Vierge Immaculée nous donne la force et le courage de « risquer notre vie aux imprévus de Dieu », elle la première en chemin.  

 

Affectueusement, nous vous embrassons bien fort   

Vos sœurs Antonia, Eugénie, Angelica (laïque), unies à Izabete et à Rosa

 


" Secouristes pour la  paix" à CORAIL

A Corail, une région montagneuse, peuplée de plus de 200 mille habitants,  nous avons rassemblé 27  leadeurs pour les former durant trois jours. 24 sont restés fidèles jusqu’à la fin. Ils avaient déjà un désir de Paix, mais maintenant, ils ont des outils pour devenir des artisans de paix, en posant des actes concrets d’amour et de paix, avec un objectif et des moyens pour s’ouvrir à l’autre. (Soeur Izabete et les membres du Réseau)

en savoir +

HAITI - PORT AU PRINCE

 Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière - Beaucoup demandent : «Qui nous fera voir le bonheur ?» Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton Visage (Ps 4, 1.6).

 

Avec le psalmiste nous voulons encore une fois nous abandonner dans les bras de notre Dieu qui ne cesse de nous combler de sa présence vivifiante et de faire briller son visage sur nous.

 

Nous bénissons le nom de Dieu pour sa présence au milieu de nous partout où nous sommes comme mercredi lors de la marche de solidarité et de compassion.

 

La CHR vous remercie pour votre présence priante et significative et spécialement pour avoir fait de cet événement un geste d’Église, d’unité, de solidarité et de grande communion. Merci!

 

Oui, nous avons écrit dans la douleur une nouvelle page dans notre histoire en écrivant SILENCE-VIE avec nos larmes, nos cris mais aussi avec notre joie de continuer à être signes de la présence de Dieu là où il nous envoie.

 

Nous remercions tous ceux et toutes celles qui n’ont pas pu faire le déplacement pour être avec nous physiquement mais qui étaient en communion d’esprit avec nous et qui priaient pour nous. Merci, ces intentions de prière ont été fortement efficaces.

 

Nous voulons aussi remercier les responsables des institutions catholiques, les parents, les professeurs, les fidèles catholiques pour leur présence à nos côtés en ce 15 avril 2015. La marche silencieuse questionne de milliers de gens. Quel Silence ?

 

Biwo CHR la koube l byen ba devan kouray nou chak nan sitiyasyon sa a antan l ap di nou debou paske ak Jezi se nou ki pote laviktwa.

 

Se pou manman Pèpetyèl pote nou sekou antan l ap mande Pitit li a, Gran frè nou an, voye Lespri Sen an sou nou pou nou pa pè anonse reny lan tout kote nou ye.

 

Je vous laisse avec ces mots de son Éminence Cardinal Langlois Chibly à l’endroit de la CHR lors de la rencontre du Bureau de la CHR avec l’Assemblée des Évêques le 16 avril : « Tenons fermes, il ne faut pas baisser les bras ».

 
P PELTROP Gilbert, C.Ss.R
Sec Gnl de la CHR

12 JANVIER 2010 - 12 JANVIER 2015 : HAÏTI SE SOUVIENT.....

"Le 12 Janvier 2010, Haïti a perdu plus de trois cents mille fils et filles, mais le pays reste debout. Cinq ans plus tard la nation toute entière continue à honorer la mémoire des disparus. Ce lundi 12 janvier 2015 a été déclaré journée de commémoration et de réflexion à la mémoire des victimes du séisme, par arrêté présidentiel" (cf. Radio Métropole Haïti).

 

Notre Communauté d'Haïti est unie à tout ce peuple qui continue à pleurer ses morts mais qui garde sa foi et sa confiance en Dieu, Maître de la Vie.

 

Au cours de l'Eucharistie de ce jour, dans la chapelle des sœurs missionnaires du Christ Roi, le Père Marcos, jésuite, nous invitait à avoir deux attitudes devant ce drame:

  • le silence par respect pour la souffrance, la douleur de ce peuple, à l'image de Job
  • la réponse à l'appel de Dieu: "Consolez mon peuple...", par nos actions quotidiennes

Dieu est notre espérance, Il est notre secours. En Eglise, Famille de Dieu, prions:

 

Dieu est notre espérance, Il est notre secours. En Eglise, Famille de Dieu, nous prions:

"Dieu, notre Dieu, tu as scellé avec ton peuple une alliance, fais revivre en nous les merveilles de ton Amour.

Devant la violence des vents contraires, que le souffle de ton Esprit rassure les croyants.

Que la cité terrestre ne cherche pas à s'édifier sans toi, et ceux qui la construisent n'auront pas travaillé en vain.

Que la fidélité soutienne ceux qui luttent, que notre amitié pacifie ceux qui souffrent.

Que nos frères défunts entrent au nombre des bienheureux, qu'un jour ils nous accueillent dans ton Paradis" (Prière du Temps présent).

 

 


ARRIVÉE EN TERRE HAÏTIENNE