Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Les quatre bienheureux ont tous été assassinés à l’été 1976, au début de la dictature militaire argentine qui a duré jusqu’en 1983. Présidée par le général Jorge Rafael Videla puis par trois autres militaires, la junte menait alors le “processus de réorganisation nationale”, une sombre période politique qui a considérablement affecté la population du pays: près de 30 000 disparus (“desaparecidos”), 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million d'exilés pour 32 millions d'habitants.
Le sang des martyrs argentins
Les noms du père Carlos Murias, franciscain, et de Wenceslao Pedernera, laïc père de famille, et celui de Mgr Enrique Angel Angelelli Carletti, évêque de La Rioja, étaient inscrits sur les listes des citoyens à éliminer, tenues par les militaires. Pas celui du père Gabriel Longueville, prêtre fidei donum du diocèse de Viviers (Ardèche), arrivé dans le pays en 1969 pour y être curé de la paroisse d'El Salvador à El Chamical. Mais lorsque son vicaire, le père Carlos Murias, est enlevé le 18 juillet 1976, il choisit volontairement de le suivre pour ne pas le laisser seul. Avec eux est arrêté Wenceslao Pedernera, qui venait d’achever sa quotidienne prière du soir avec son épouse. Tous les trois sont torturés à mort, et leurs corps lacérés et criblés de balles sont retrouvés peu après dans un terrain vague sur lequel un oratoire s'élève aujourd'hui en leur honneur.